[Présidentielle #3] Santé-environnement : interdire, inciter ou laisser faire ?

[Présidentielle #3] Santé-environnement : interdire, inciter ou laisser faire ?

28.03.2017

HSE

S’ils peuvent difficilement nier que le diesel, les perturbateurs endocriniens ou les pesticides ont un impact sur la santé et donc s’opposer sur les constats, les candidats à la présidentielle n’apportent pas les mêmes solutions pour changer la donne.

Il serait exagéré de considérer que les liens entre la santé et l’environnement constituent l’un des thèmes essentiels de la campagne présidentielle. Par rapport aux précédentes élections, force est de constater néanmoins que la thématique commence à se faire une petite place dans les discussions. Compte tenu de l’explosion des épisodes de pollution aux particules fines, difficile en particulier pour les candidats de faire l’autruche sur les conséquences sanitaires des moteurs diesel. À part Marine Le Pen qui a estimé lors du débat télévisé organisé lundi 20 mars 2017 que l’on "a poussé les familles modestes à acheter du diesel" et qu’augmenter la fiscalité serait de fait "un manque de respect pour le peuple français", tous promettent de faire machine arrière, soit en en restant au principe comme François Fillon avec son "processus progressif de diminution de la part du diesel", soit de manière plus volontariste comme Emmanuel Macron qui se donne cinq ans pour harmoniser la fiscalité avec l’essence, Jean-Luc Mélenchon qui entend "bannir le transport routier diesel de nos villes" ou Benoît Hamon décidé à "sortir la France du diesel à l’horizon 2025".

Des candidats perturbés

Les objectifs de qualité de l’air sont déterminés à l’échelle européenne et à moins de quitter l’Union européenne, la France aura, quel que soit son président, une obligation de résultat. Sermonnée une nouvelle fois par Bruxelles mi-février pour ses "infractions persistantes", elle devra rendre des comptes à la CJUE (Cour de justice de l'Union européenne) si elle ne prend pas des "mesures appropriées" (dixit la Commission). En répétant à l’envi qu’il interdira les perturbateurs endocriniens, Benoît Hamon tente plus généralement de mettre la prévention des maladies au cœur des débats. "Ma responsabilité c'est de faire en sorte qu'il y ait moins de cancers à cause de l'environnement", déclarait-il le 9 mars sur le plateau de l’émission politique (France 2). Le candidat est flou sur la méthode. Une chose est sûre néanmoins. Il devrait être plus intransigeant sur le sujet qu’Emmanuel Macron qui privilégie la méthode douce pour convaincre les industriels de choisir des matières de substitution "dès lors qu'il existe des solutions scientifiquement reconnues comme moins toxiques". Cette option ne les pousse pas toujours à chercher des alternatives comme l’ont montré les années d’errance qui ont précédé l’interdiction du bisphénol A.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Le casse-tête des pesticides

Le candidat en marche est plus volontariste sur la mutation agroalimentaire puisqu’il promet d’obliger les restaurants collectifs (des cantines d’école aux restaurants d’entreprises) à "proposer au moins 50% de produits biologiques, labels de qualité, ou local" d’ici 2022. Plus radical, Philippe Poutou considère que "la vente directe, la transformation sur place permettent de récupérer de la valeur ajoutée, et [que] maîtriser son travail est plus agréable que d’être tenu en laisse par les capitalistes". Plus précis, Jean-Luc Mélenchon veut une loi planifiant la transition écologique sur dix ans et "l’interdiction des pesticides les plus dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement", comme les néonicotinoïdes et les herbicides à base de glyphosate. Plus précautionneux, François Fillon assure enfin le système minimum en proposant de "consolider notre agriculture et ses productions de grande qualité en développant la politique des labels".

Conflits d’intérêt

Que l’on parle de pesticides, de perturbateurs endocriniens ou d’autres substances susceptibles d’avoir un effet sur la santé humaine comme les médicaments ou les nanoparticules, se posent enfin les questions de l’encadrement des mises sur le marché des produits et des études qui les accompagnent. Côté usagers, de trop nombreux scandales révèlent souvent trop tard des conflits d’intérêt qu’il aurait fallu éviter pour éviter des milliers de morts. Côté industriel, la suspicion généralisée complique les efforts faits par les entreprises les plus vertueuses. Emmanuel Macron veut séparer "les activités de conseil aux agriculteurs et de vente des pesticides qui peuvent susciter des conflits d’intérêt" et propose (sans expliquer comment) de "revoir totalement l’évaluation des méthodes des produits". Pas beaucoup plus précis, Benoît Hamon promet que "la gauche ne cédera pas face aux lobbys". François Fillon veut avant tout responsabiliser les entreprises. 

Olivier Descamps
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